La rentrée approche, et la mise en place des outils commence. Fini le temps où les préparations étaient la simple constitution d’étiquettes de prénoms au marqueur, et le découpage d’affiches colorées ; désormais, il faut aussi compter sur la préparation des outils numériques.
Beaucoup de collègues enseignants, du Primaire au Supérieur, utilisent des systèmes propres à leur établissement pour créer, diffuser ou échanger des documents ou des informations en ligne ; on appelle cela les ENT (Environnement Numérique de Travail).
Avec mes CP, cette année, je vais tenter un ENT à ma mode, réalisé d’un patchwork d’outils déjà existants. J’y vois 2 avantages majeurs : pas besoin d’installer quoi que ce soit en local et d’assurer une formation auprès des familles, et surtout, ces utilisations permettront d’éduquer à des outils utilisés « dans la vraie vie ».
Quels besoins ?
Il était nécessaire, avant d’accueillir mes élèves, de cibler mes besoins (et donc de fixer des objectifs) en terme de fonctionnement de classe et d’apprentissage.
- Mon premier besoin est de faire produire les élèves. C’est une logique que j’essaie de développer depuis ces dernières années(notamment avec l’utilisation de Twitter en classe) : moins de cours magistral, plus d’action, plus d’activités concrètes pour apprendre.
- Je cherche également à ouvrir mes élèves au monde et à la culture. Aujourd’hui, on n’apprend plus seul, on ne se limite plus à son proche environnement quotidien… Connaître et se situer sur les chemins de l’information est certainement l’une des bases de l’accès à la connaissance.
- J’ai besoin de renforcer le lien entre l’école et les familles. Je constate que toutes les familles désormais ont un pied quelque part sur le Net, que ça soit sur une messagerie ou sur un réseau social. Allons à leur rencontre !
Des outils
La liste des outils utilisés est à compléter bien-sûr, et l’ordre importe peu. Voici une liste des usages possibles en fonction de mes besoins.
Je continue l’usage de Twitter pour motiver à la production d’écrits courts et à la lecture : un compte commun pour des publications signées par les élèves, en public. Comme l’an dernier, j’encouragerai la création d’un compte à la maison, pour permettre de poursuivre l’écriture à la maison, mais également pour intégrer les familles dans le suivi des enfants.
Par expérience, je sais que la messagerie privée sera également utilisée par certains parents pour donner ou recevoir des informations, vers le compte de la classe ou vers mon compte d’enseignant.
Le blog
Pour la fin d’année, où Twitter devient trop court pour les besoins de certains élèves, le blog restera un moyen de diffusion plus évident pour des textes longs ou des bilans de projets(comme la liste de tous les tweets postés sur un projet). Je ne suis cependant pas enthousiaste face à l’utilisation du blog, beaucoup moins réactif qu’un réseau social. Les commentaires y sont rares, et peu proviennent d’inconnus.
Je compte poursuivre toutefois le blog lancé l’an dernier pour quelques maigres articles.
C’est certainement l’endroit où je croiserai le plus de familles, la difficulté étant de ne pas donner l’impression de vouloir intervenir dans leur vie privée. C’est pour cette raison que je ne choisirai pas un profil d’enseignant ou de classe pour devenir « ami ».
- une page « école » existe déjà, pour diffuser les informations globales ou les articles postés sur le site.
- une page de classe, qui contient actuellement les tweets des enfants, sera également utilisée pour commenter les réactions des visiteurs. J’ai vu, là aussi à l’usage, que de nombreuses personnes n’osent pas encore se mettre à Twitter, et commentent donc sur Facebook.
- un groupe de classe, fermé, où nous serons beaucoup plus à l’aise pour une communication en « public restreint ». Le groupe a surtout l’avantage de mieux gérer les notifications ; un message du genre « Demain, n’oubliez pas votre sac de piscine » y sera beaucoup plus pertinent que sur une page.
La messagerie Gmail
Certains échanges n’ont pas leur place sur les réseaux sociaux, ou certains parents y sont encore trop « timides ».Le mail est une solution qui leur apportera peut-être plus de confiance ?
- Une adresse de classe, accessible aux enfants, toujours en ma compagnie, pour des échanges éventuels en privé. Reste à trouver des prétextes pour provoquer ces échanges ! La messagerie de Google a l’avantage de permettre la création d’une infinité d’adresses à partir d’un seul compte grâce à une petite astuce (par ici), tout reste donc sur le compte global de l’école, et donc facilement accessible puisque tous les ordinateurs de l’école y sont connectés.
- Une adresse enseignant, pour les parents désirant me contacter personnellement (prise de rendez-vous, demande de précision, etc…).Cette adresse me permettra également de faire des envois groupés si nécessaire, en copie cachée bien-sûr, pour diffuser une information importante. Moins de photocopies et de feuilles perdues en vue !
Google Drive
Google Drive, c’est anciennement « Google Docs », en plus complet. Concrètement, c’est une possibilité de créer ou d’archiver des documents en ligne, dans des dossiers, et de régler de façon très précises les paramètres de partage. Utilisé déjà cette année pour partager les documents créés(en ligne) par les élèves entre les différents ordinateurs de l’école et mon ordinateur personnel, je compte aller plus loin.
- Un dossier partagé par élève, créé sous le compte général de l’école, dans lequel il mettra ses documents (texte, liens, sons, images…), afin de les retrouver sur n’importe quel ordinateur à l’école, mais surtout, à domicile (partage via l’adresse mail des parents). Chaque document créé sera également partageable à volonté, y compris en public.
- Un dossier partagé à toutes les familles de la classe, où je pourrai laisser des documents concernant tous les élèves (date des anniversaires, tutoriels pour utiliser les outils, documents d’élèves…).
Au-delà de mes attentes
Je me rends compte que tous ces outils ne se mettront pas en place facilement. La première limite sera celle de la non-implication des familles, pour des raisons diverses que je comprends facilement (pas d’équipement, pas l’envie…). Toutefois, si je peux lancer des usages chez certains, ce sera déjà ça de gagné pour l’apprentissage des élèves.
A mon avantage, depuis 3 ans les parents reçoivent les résultats de leur enfant via un livret numérique en ligne ; ce mode d’évaluation a été un moyen de lancer des usages (d’ailleurs, en terme d’évaluations, j’ai un projet clairement numérique qui est en train de naître, suite àcette idée).
Deuxièmement, d’un point de vue légal, la majorité des services nommés ci-dessus sont interdits aux jeunes de moins de 13 ans. Toutes les utilisations évoquées le sont donc, quelle chance pour moi, sous la responsabilité d’un adulte. C’est aussi un moyen d’inciter les parents à accompagner les usages numériques ; une éducation des familles par les enfants, c’est du déjà vu, non ?(sécurité routière, sensibilisation à l’environnement…).
Enfin, mon titre un peu provocateur de « télétravail » évoque unetranslation possible d’activités de l’école à la maison… Les outils le permettent, mais est-ce nécessaire ? De nombreux moments passés en classe pourraient être faits à la maison, mais est-ce le rôle des familles ? Et pourtant, l’apprentissage doit-il souffrir des murs ?
En attendant de répondre à ces questions, je vais tenter de renforcer le lien entre école et familles, en favorisant la continuité de l’apprentissage à travers des situations motivantes d’écriture, de lecture ou de recherches mathématiques…
Bonne rentrée à tous !
Très bien et très pratique dans sa simplicité
je rajouterais juste:
(1) un outil de partage de fichiers comme DropBox ou Skydrive: pour partager plus que de simples documents editables (et cantonner GDrive à l’édition en ligne de documents)
(2) ou pousser le bouchon plus loin en ce qui concerne le partage de documents: utiliser Evernote
(http://crdp.ac-besancon.fr/blog/un-exemple-dutilisation-devernote/)
Phil, fan de GTD et d’Evernote
Merci pour le commentaire !
Concernant Dropbox, je pense qu’il ferait doublon avec Google Drive qui propose 5Go gratuits, et dont j’apprécie la simplicité des outils d’éditions. Si je manque de place (en CP, ça devrait aller), je me tournerai vers « Hubic » d’OVH qui propose 25 Go, et pourquoi pas Dropbox.
Pour Evernote, tout le monde m’en parle, et je l’ai déjà testé plusieurs fois, sans arriver à en comprendre la force ou l’intérêt. Peut-être parce que j’utilise déjà trop d’outils en ligne dont les fonctions se recoupent ? Cependant, l’utilisation que j’en vois sur votre lien a l’air bien sympathique. Promis, je retenterai l’un de ces jours ! ^^
Quant à GTD, de quoi s’agit-il ? Getting Things Done ? Je viens de lire cet article de Wikipedia, c’est passionnnant : http://fr.wikipedia.org/wiki/Getting_Things_Done
Evernote est l’endroit où je stocke toutes les documents que je désire accessibles à tout instant (Mac, Windows et iPad). Le grand avantage d’Evernote est qu’il indexe le contenu des fichiers ou des images. Avec l’iPad, je prends une photo du tableau blanc; je mets la photo dans Evernote et une synchronisation plus tard, l’image est indexée avec possibilité de recherche de mots découverts à l’intérieur de l’image même.
Si au sommet du tableau, vous prenez la peine d’écrire lisiblement quelques mots-clés qui reflètent le contenu du tableau, la recherche est très facile … et ce que l’on écrit au tableau peut très bien devenir le coeur de vos préparations (faut juste convaincre l’inspecteur que le monde à changé). j’applique cela au boulot pour réunions, brainstorming, … (je suis développeur d’applications) et j’essaie de convaincre ma femme (prof en CP aussi) de l’appliquer, ne fut-ce que pour ses préparations.
https://fr.support.evernote.com/link/portal/16051/16135/Article/2687/Les-bonnes-pratiques-pour-le-traitement-des-images-par-Evernote
https://fr.support.evernote.com/link/portal/16051/16135/Article/3126/Comment-retrouver-des-notes-manuscrites-dans-Evernote
Merci pour ces pistes, je bosse dessus. Très intéressant, et motivant !