Après 4 ans d’utilisation de Twitter avec mes élèves de CP pour les motiver à l’écriture et à la lecture dans de vrais situations de communication, je teste en parallèle cette année l’utilisation d’une page Facebook pour la classe, alimentée par les élèves.

 

Pourquoi Facebook ?

J’allais dire, pourquoi pas ? Il y a quelques années, quand on me demandait pourquoi je n’utilisais pas Facebook en classe, je répondais sur la nécessité de ne pas faire de mélange entre vie privée et vie de la classe. Nos limites entre ces deux mondes ont cependant évolué, et les adultes eux-mêmes, notamment les parents d’élèves, ont affiné leur usage de Facebook : meilleur contrôle de leur publication ou de leurs paramètres de confidentialité, usage positif en terme d’image (ce que je publie est visible, partageable…).

Depuis mai 2009, j’alimente la page Facebook de mon école, pour diffuser des informations, des liens ou des photos. J’y découvre des visiteurs de plus en plus impliqués, qui « aiment » les publications, qui les commentent ou qui les partagent. J’y trouve bien-sûr, à titre personnel, une motivation à publier encore, la même que celle de mes élèves lorsque sur Twitter ils ont la joie de lire des réponses, d’avoir un retweet ou un « favori ».

Je l’avoue, j’ai aussi trop « mangé » de Twitter ces dernières années, et à titre personnel, j’ai besoin d’explorer un autre outil, même si la ressemblance est flagrante. La grande différence, de mon point de vue, entre un fil Twitter et une page Facebook est le côté plus intime de la seconde. Je ne parle pas d’un aspect privé, car je me dois d’apprendre à mes élèves que ce qui est publié leur échappe, que ce soit sur un réseau social, ou même dans un écrit a priori privé (le petit mot d’amoureux intercepté en classe, le mail compromettant envoyé par erreur à la mauvaise personne…), mais j’évoque là la possibilité de gérer une communauté plus restreinte (trop d’abonnés sur Twitter a tué étrangement une partie de la communication).

Enfin, je me rends compte que, côté adultes, les parents ont du mal à apprivoiser Twitter. Sur la centaine de comptes créés par des enfants ou des familles, seule une petite dizaine continue à tweeter régulièrement… Ceux-là ont attrapé le virus ! (ce qui ne signifie pas que les autres n’ont pas trouvé d’autres plateforme de production et d’échange, du SMS à l’usage de la vidéo…). Les parents sont déjà nombreux sur Facebook, allons donc aussi à leur rencontre.

 

Apprendre et s’éduquer sur Facebook ?

Comme pour l’utilisation de Twitter, mes objectifs sont triples :

  • motiver les enfants à la production d’écrit et à la lecture à travers des situations de micro-journalisme (que se passe-t-il dans ma classe, dans ma vie, dans le monde ?)
  • développer les usages techniques, notamment la maîtrise du cloud computing (je sais publier quelle que soit la plateforme utilisée, et je retrouve mes données sur n’importe quel matériel, à l’école ou chez moi).
  • éduquer aux usages numériques.

Inutile de préciser qu’au lancement de mon utilisation de Twitter en classe, ce dernier objectif éducatif était assez anecdotique, mais qu’il est devenu à mes yeux le plus important.

Apprendre à écrire et à lire ? Les enfants le feront très bien hors d’un réseau social ; le réseau motive, apporte une matière quotidienne, mais fait le même boulot qu’une autre méthode.
Apprendre à utiliser une tablette ou un smartphone ? Les enfants ont déjà mille autres occasions de le faire, dans et hors de la classe.
Par contre, apprendre ce qu’est une publication, ce qu’on peut y écrire, les chances ou les risques qu’elle a d’être diffusée, éventuellement de se retourner contre soi, apprendre aussi les bases de la législation et la mise en place de règles et de limites dans les usages, cela ne peut se faire que dans un usage réel.

Dois-je encore comparer l’éducation aux médias à l’éducation routière ? Apprendre à traverser la rue sur des fausses bandes blanches installées dans la cour de l’école où le seul risque est de se faire bousculer par une trottinette n’est pas très formateur à mes yeux… Apprendre à traverser devant l’école, pas sur l’autoroute, en étant accompagné des adultes et en prenant de plus en plus d’autonomie, oui cela me paraît pertinent. Je vous laisse transposer pour le monde numérique.

 

Concrètement, que font les élèves sur Facebook ?

Comme pour Twitter, j’ai des petits journalistes qui tournent au quotidien. En ce début d’année, j’ai testé le photographe, le preneur de son, et le « journaliste Twitter » (celui qui écrit). A la rentrée de novembre, je mets en place en parallèle le « journaliste Facebook », qui préparera le texte des statuts, ou les descriptions des photos. Les enfants travaillent systématiquement en binôme, en parallèle des autres activités de la classe.

Jusqu’à maintenant, pour prendre en main l’outil, les premiers essais sur Facebook ont été fait sous la dictée au maître (les enfants disent, je tape…). Mon but est cependant bien de faire produire les élèves, de l’oral à la publication écrite.

Je précise qu’il s’agit bien d’une page Facebook, et non d’un compte personnel qui donne l’accès aux informations personnelles de ceux qui nous lisent. Vous savez, celle où l’on clique sur « J’aime », et qui nous envoie des actualités sur notre page d’accueil ? J’espère bénéficier de la force du réseau qui veut que plus la publication est aimée et commentée, plus elle est lue et visible… Je compte ainsi développer l’originalité et la créativité des enfants pour proposer du contenu original, amusant, coloré. A suivre donc !

Le choix de ces journalistes se fait quotidiennement, sur volontariat (je pousse un peu pour la constitution des binômes afin que chacun participe un minimum…). Cette affiche est complétée chaque jour :

affichejournalistes

Affiche journalistes médias - PDF (3139 téléchargements)

J’ai besoin de vous pour commencer

Evidemment, il faut lancer une communauté… Vous, lecteur assidu, ou de passage, je vous encourage à venir cliquer sur « J’aime » sur notre page La classe de Monsieur Masson, et quand vous le pourrez, cliquer sur j’aime sous les statuts, photos ou liens, ou commenter si vous en avez l’envie.

jaimeclassemasson

Par expérience, je sais que des réactions fréquentes en amènent d’autres, et motivent donc les enfants à l’usage. Espérons juste que je trouve la bonne organisation pour tweeter ET facebooker en parallèle des poésies, des mathématiques, des dictées, des lignes d’écriture (ah non), du sport et de l’anglais…

 

Twitter au feu, et le maître au milieu ?

Bien-sûr, je n’abandonne pas Twitter. Par contre, je pense ralentir les projets d’écriture trop imposés à mon goût (exemple : c’est Halloween alors on créée des phrases qui font peur…) au bénéfice d’un véritable travail de journalistes, tel que je l’avais envisagé au premier lancement du projet. Bref, rendre l’écrit utile, communiquant, ludique, et apprendre ainsi à lire sans s’en rendre compte…

 

La page Facebook de la classe

Le compte Twitter de la classe

7 commentaires “Rien de neuf : mes élèves sur Facebook”

  1. Bjr JR; quelles démarches as-tu dû faire pour que ta page FB soit acceptée par ton supérieur?
    Y a -t-il un protocole à suivre, genre protection des enfants, effaçage de la page chaque année scolaire…
    Merci
    Catherine

  2. Bonjour Catherine ; comme pour Twitter, j’ai juste écrit mes objectifs, et je n’ai rien demandé à personne. Il est écrit dans notre B2i qu’on doit travailler l’usage aux réseaux sociaux, j’applique le programme ! :p

    Cependant, sur le plan légal, je suis tenu d’avoir l’autorisation des parents d’élèves concernant la diffusion de photos, autorisation demandée « à la volée » en début d’année (ce qui n’est pas officiellement très légal, puisqu’il faudrait demander une autorisation pour chaque image, voire même pour chaque écrit si on est un peu tatillon…).

    La plus grande « protection » est à mes yeux l’écriture d’une charte d’utilisation de ces réseaux sociaux : que puis-je y dire, comment le dire, etc.

    Enfin, pour la question d’une année sur l’autre, je pense poursuivre, comme pour notre compte Twitter qui traverse les générations, avec le même compte… libre aux anciens parents de quitter la page.

  3. Bonsoir , toujours attentive à ta démarche et tes réflexions , je m’interroge sur cette utilisation de facebook ? Nous avons un site qui présente aussi le travail des enfants . Mais je reste « ouverte » à cette démarche . Il me faut parfois un peu de temps … pour un nouvel outil .
    Je t’encourage et félicite tes petits journalistes.
    A bientôt sur votre page.

    1. L’idée est d’aller chercher les parents là où ils sont. Si un parent clique sur « j’aime », il verra passer sur sa page les actualités produites par les enfants, et éventuellement y réagira. Le blog, j’ai déjà testé, c’est difficile je trouve d’avoir une réaction rapide et régulière… Les gens se lassent à commenter, ou ne visitent plus (puis les productions sont plus difficiles à gérer si on laisse tout faire par les enfants).
      Mon but n’est pas d’en faire un cahier de vie, mais un cahier de productions, en comptant sur les réactions de parents ou d’inconnus pour motiver les plus réfractaires. Mais je me trompe peut-être, on verra à l’usage. De toutes façons, Twitter m’a montré que d’une classe sur une autre, les résultats et l’implication sont très différents.
      Merci pour les encouragements !

  4. Bonsoir,
    Juste une petite question : as tu des parents qui refusent que leur enfant apparaisse en photo.
    Me concernant j’essaie au maximum de ne mettre aucune photo sur le net de mes enfants…la raison principale en est que mes enfants peuvent un jour ne pas vouloir retrouver des photos d’elles sur le net.
    Malgré tout je ne peux pas tout contrôler (notamment les photos des autres).
    Qu’en penses tu ? J’ai parfois l’impression de voir le mal partout 🙂

    1. Bonjour

      Depuis 13 ans maintenant que nous demandons des autorisations pour le site de l’école, nous avons de moins en moins de refus. Les mentalités évoluent, et les parents voient que les photos sont utilisées dans un but pédagogique, ou positif pour l’image de leur enfant ou de l’école. Cette année, je n’ai aucun refus dans ma classe, et 3 familles refusent sur 10 classes… C’est leur droit.

      A titre personnel, je pense que c’est une erreur de vouloir absolument « interdire », empêcher l’apparition de l’image de nos enfants sur le Net. Au contraire, ce n’est pas comme ça qu’on leur apprendra à gérer leur droit au respect à l’image… A nous, enseignants ou adultes, d’avoir aussi du bon sens : pas de photo qui puisse mettre en danger l’enfant et son image numérique, travailler sur le positif. Et en parallèle, leur apprendre qu’on a aussi le droit de refuser. Un enfant qui poste la photo d’un autre sait qu’il doit lui demander l’autorisation, mais c’est plus moral que légal dans leur tête, et je trouve ça très bien ainsi.

      Quant à ta décision pour la photo de tes filles, tu es dans ton droit. Mais peut-être seraient-elles contentes aussi d’être mises en valeur dans des activités dont elles sont fières ? ^^
      Vaste débat ! Malheureusement souvent plus argumenté par le « mal partout », comme tu dis, que par une véritable éducation à la protection de sa vie privée et de son image.

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